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Monsieur le Procureur de la Cour Pénale Internationale, depuis le jour de votre nomination, cela va faire la quatrième fois que nous vous écrivons aujourd’hui.   Monsieur le Procureur, pour notre adresse de ce jour, tout sauf votre respect, souffrez que nous nous attardions sur quelques détails qui nous préoccupent et nous intriguent, de la part de la Cour Pénale Internationale.   

Monsieur le Procureur, en 2011, c’est à la suite d’une crise dite post-électorale, selon la volonté de la France et de l’Occident, que Laurent Gbagbo, qui avait de tout temps appelé au dialogue et à la paix, a été arrêté, après des bombardements intensifs par l’armée française dix jours durant. 

Cette façon de faire, injuste et grossière, au-delà de la personne de Laurent Gbagbo, a humilié aussi tout le continent africain, en éveillant bien des consciences opprimées à travers le monde. 

Mais plus grave, monsieur le Procureur, est le fait même que cette fameuse communauté internationale, en privilégiant des élections en 2010, a royalement ignoré les atrocités et plusieurs milliers de massacres d’une rébellion sauvage qui a endeuillé la Côte d’Ivoire sur huit ans auparavant. 

Ne parlons même pas des milliers d’autres crimes et disparitions bien après que l’objectif d’arrêter et d’embastiller Gbagbo a été atteint. 

Tout cela avait été amplement révélé, pour ne pas dire décrié, par les avocats du président Gbagbo devant la Cour Pénale Internationale. Ont-ils été vraiment entendus pour que justice soit rendue aux victimes, aux vraies victimes ?  

Monsieur le Procureur, quant au procès de Gbagbo à La Haye, vous le savez comme nous, il a exposé les aspirations ténébreuses de la France et de la communauté internationale, Gbagbo, l’accusé à tort, ayant été acquitté, triomphant des manigances et de la méchanceté gratuite !  

Monsieur le Procureur, le but majeur de notre adresse de ce jour est le suivant : depuis le jour où, disons depuis vingt-cinq ans (2000, 2010, 2020) que la France s’est invitée publiquement et sans gêne dans les élections ivoiriennes, notre quotidien est devenu violences, massacres et morts, dans la plus totale des impunités.  

Outre cela, monsieur le Procureur, la compétence et l’expertise de la Cour Pénale Internationale sont-elles seulement limitées aux crises post-électorales, vu et su qu’en 2020, bien avant les élections, on a déploré des dizaines de morts, dont un jeune homme décapité ?  

Or, voici que pour les prochaines élections d’Octobre 2025, les apôtres de la violence sont déjà à l’ouvrage, pour créer une autre crise pré-électorale, encore une autre fois. Comme par miracle, les même ingrédients ou recettes macabres d’antan sont toujours en place : 

les commandos invisibles qu'ils collaient jadis à Laurent Gbagbo sont aujourd’hui des encagoulés chargés de besognes aux antipodes d’une république digne de ce nom. Les enlèvements suivis de tortures et des disparitions sont légions. 

Au-delà de ce miracle négatif, monsieur le Procureur, depuis quelques semaines, sur les réseaux sociaux, un bon nombre de ces auteurs de massacres odieux avoue leurs tueries et crimes rituels perpétrés pendant longtemps contre de pauvres populations civiles. 

Il y en a même qui menacent ouvertement de récidiver et aucune instance judiciaire, nationale ou internationale ne s’autosaisit. Doit-on rappeler ici que pour cette sale besogne toujours impunie, vos prédécesseurs Ocampo et madame Bensouda ont choisi un coupable tout désigné : Laurent Gbagbo. Eux qui parlaient de ‘’plan commun’’ pour la confiscation du pouvoir.   

Monsieur le Procureur de la Cour Pénale Internationale, de tous ces faits qui précèdent et qui n’honorent pas du tout la morale humaine, qu’en dites-vous ? Les victimes ivoiriennes et les Africains que nous sommes, devons-nous nous satisfaire de ce déni de justice, de cette impunité prolongée ? 

Jusqu’à quand devons-nous continuer d’être nargués par les commanditaires et bénéficiaires de cette barbarie récurrente pour qu’on nous fatigue les tympans avec les vocables civilisation, démocratie, justice et paix ? 

En définitive, monsieur le Procureur, l’Occident a tort et s’aveugle quand il qualifie de populisme tous ces nombreux cris et tous ces vifs rejets de cet Occident depuis les capitales africaines. 

Surtout que le silence de la Cour Pénale Internationale est pour nous un parti pris flagrant.        Je vous remercie.   

Pour le collectif des victimes de Duékoué (Carrefour et Nahibly) : Emmanuel Caleb,

  le 07 Avril 2025.